Samedi dernier, virée en moto dans les campagnes environnantes avec mon compère Zé Borges, comme chaque samedi pour notre programme de radio, baptisé « La voix du MST ». Cette fois, à une trentaine de kilomètres de Glória, près de la petite ville de São Miguel de Aleixo, dans la région Agreste de l’Etat de Sergipe, caractérisée par des pluies plus fréquentes et une végétation plus fournie que notre aride région du Sertão.
Aux environs d’Aleixo, une majorité de petits agriculteurs – qui souvent habitent sur des terrains qui ne leur appartiennent pas – vivent une vie simple, en l’absence d’infrastructures publiques dignes de ce nom: pas de réseau d’eau potable ni d’égoût, routes de terre, maisons construites par les habitant-e-s eux-mêmes, parfois en briques, parfois en terre. Les terrains sont petits, sans système d’irrigation, les agriculteurs ne disposent pas de machines agricoles. Ils vivent pour la plupart de la culture du manioc, ensuite transformé en farine – les casas de farinha sont nombreuses. Quelques têtes de bétail, aussi. La pauvreté est grande.
Un visiteur étranger pourrait conclure qu’il manque quelques décennies de « développement » à la région. Pourtant, à quelques kilomètres, les « paquets technologiques » les plus récents – et coûteux – des entreprises de l’agronégoce sont utilisés pour les plantations de maïs transgénique – avec le financement des banques publiques. On se trouve quand même au Brésil, la septième économie du monde. Dans lequel le « développement » se limite aux zones d’intérêt des grandes banques et entreprises. Les autres peuvent attendre.