Assentamento Emilia Maria, Sergipe. Après deux ans, toujours pas d’eau, d’électricité, de crédits pour produire. Et certains voudraient encore couper dans les dépenses publics?
Selon le journal – très conservateur – Estado de São Paulo (12 juin 2013), l’économiste Delfim Netto, ministre de l’économie durant la dictature militaire, aujourd’hui conseiller économique de Dilma Rousseff, lui aurait soufflé à l’oreille l’idée de réaliser un « choc fiscal » pour redonner confiance aux investisseurs.
Le gouvernement brésilien destine aujourd’hui près de 45% de son budget au paiement de la dette (2,9 trillions de reais en 2012, soit 78% du PIB). Pour dégager les ressources nécessaires, il coupe, depuis près de 20 ans, dans les dépenses publiques pour payer les intérêts de cette dette – dont la majeure partie est détenue par de grandes banques. Pour cela, l’Etat doit dégager chaque année un excédent budgétaire primaire (avant le paiement des intérêts de la dette): en résumé, dépenser moins que ce qu’il gagne… En moyenne, l’Etat retient chaque année 3% des recettes fiscales pour le paiement des intérêts de la dette. Les milliards destinés à la dette manquent ensuite au service public de santé, à l’éducation, aux infrastructures, etc. Alors que les besoins sont énormes!
Le « choc fiscal » recommandé par Delfim Netto et la droite aurait pour conséquence d’empirer encore la situation. L’idée est d’imposer au budget de l’Etat un « déficit nominal zéro », c’est-à-dire prendre en compte dans le calcul du déficit le paiement des intérêts de la dette. Selon Celso Ming, chroniqueur à l’Estado de São Paulo (qui est pour la mesure), le résultat en serait « une austérité forte et un certain sacrifice pour la population. »
La présidente Dilma Rousseff est sous pression: les prévisions économiques sont en baisse; sa cote de popularité, bien qu’encore élevée, a fléchi ces derniers mois; et l’inflation reste à un niveau élevé. Les appels de la droite à prendre des mesures pour « rassurer les investisseurs » sont de plus en plus pressants. Le « choc fiscal » qu’ils recommandent serait catastrophique pour la majeure partie de la population, notamment les plus pauvres.