Un moment très fort: après dix années d’occupation, les 27 familles du campement Josué de Castro (municipalité de Poço Redondo, région semi-aride de Sergipe) ont célébré, vendredi dernier, leur victoire: la fazenda Lagoa da Vila, jusqu’à présent propriété d’un latifundiste qui n’y mettait jamais les pieds – il n’y a jamais rien planté – leur a été remise par l’Institut national de colonisation et réforme agraire (INCRA).
Les conditions d’un campement dans la région semi-aride (Sertão) sont particulièrement dures: le manque d’eau, spécialement dans un campement éloigné des centres urbains comme c’était le cas de Josué de Castro, rend tous les aspects de la vie très difficiles: se laver, préparer à manger et laver la vaisselle, boire, planter, etc.
Un autre élément y a compliqué la lutte des Sans-Terre: la violence du propriétaire, qui y a même envoyé une nuit ses hommes de main tirer des coups de feu sur le campement, terrorisant les hommes, femmes et enfants présents. Durant les 10 ans d’occupation, les familles ont aussi été menacées de 5 décisions d’expulsion prononcées par des juges.
Les familles de Josué de Castro ne se sont pas contentées de résister. Elles ont aussi réussi, malgré le manque d’eau et de moyens, à organiser un des campements les plus beaux de l’Etat, le décorant de statues de bois, entretenant à son entrée un petit jardin de plantes de la région – il fallait pour cela aller chercher, à pied et avec des seaux, de l’eau dans un barrage distant.
Leur volonté et organisation a payé. Pour ces 27 familles, une nouvelle vie commence. Vendredi, la cérémonie était émouvante. Comme quoi, même dans ce contexte difficile, la lutte du MST continue à payer…