Nous sommes entrés de plein pied dans les Journées de lutte pour la réforme agraire.
Hier à 9 heures du matin, 10 routes étaient bloquées par des centaines de militant-e-s du MST dans l’Etat de Sergipe. Dans la région métropolitaine (municipalité de Riachuelo, oú les Sans-Terre se heurtent à l’expansion de la canne-à-sucre), l’expulsion d’un campement de Sans-Terre était bloquée avec succès par une mobilisation des sans-terre. Avec un double objectif: dénoncer la violence et les assassinats qui continuent à régner dans les campagnes brésiliennes, et revendiquer une réforme agraire qui est, plus que jamais, bloquée par l’avancée de l’agronégoce (voir « Un Avril rouge d’incertitudes pour les Sans Terre sur ce blog).
Dans tout le Brésil, plus de 60 routes principales ont été bloquées, et les occupations se sont multipliées, malgré le contexte difficile dans lequel le MST mène sa lutte . A Sergipe, les blocages de routes du matin ont été suivis d’une mobilisation devant le Palais de la Justice fédérale, dénonçant à la fois l’impunité accordée par le pouvoir judicaire aux grands propriétaires assassins, mais aussi le positionnement politique du Judiciaire face aux conflits de la terre. Comme le résumait Gileno, dirigeant du MST à Sergipe: « Pour les Sans Terre, il est difficile de comprendre le contraste entre la rapidité avec laquelle le Pouvoir judiciaire applique la défense de la propriété privée de la terre quand il s’agit d’expulser des pauvres d’une occupation, et la lenteur avec laquelle il traite les procès visant à désapproprier une grande propriété improductive pour la repasser aux Sans Terre désireux ce la cultiver. » Une lenteur qui se solde par des années d’attente.
Le cortège du MST rejoignait ensuite celui des sans-toit du Mouvement organisé des travailleurs urbains (MOTU), qui se heurte à une énorme répression ces derniers mois, avec des expulsions barbares à répétition, pour terminer devant l’Institut national de colonisation et réforme agraire (INCRA).