Nouvelle scène de barbarie cette semaine (le 6 novembre) à Aracaju: dans le quartier pauvre 17 de março, un déploiement impressionnant de policiers municipaux et de troupes de choc de la Police militaire expulsait violemment 80 familles sans-toit qui, lasses d’attendre les logements sociaux promis – et déjà prêts! – ont décidé de les occuper. Les maisons sont prêtes depuis trois ans, mais sont laissées à l’abandon!
Une scène tristement banale au Brésil. Quelques chiffres pour montrer l’ampleur du problème:
Selon les données de l’Institut de recherche économique appliquée (Ipea), lié à la Présidence de la République, il manque 7,9 millions logements pour que toute la population brésilienne puisse avoir un logement digne de ce nom [1]. Si la situation ne s’améliore pas, ce chiffre grimpera à 30 millions en 2050. L’Institut brésilien de géographie et statistique (IBGE) estime que 11,4 millions de personnes vivent dans des favelas. Et, selon le dernier recensement (2010), 8,3 millions de familles (13,9% de plus qu’en 2000) partagent leur logement [2] – le cas le plus fréquent étant celui de femmes célibataires ou séparées, vivant avec leurs enfants dans la maison de leurs parents. Dans 21,8% des cas, la famille «secondaire» ne touche pas de revenu.
L’Ipea note que le manque de logements décents contraste avec «le nombre de plus en plus élevé de bâtiments vides» – l’IBGE estimait leur nombre à 6,7 millions en 2010. Une donnée explique ce paradoxe: 83% des familles sans logements adéquats gagnent moins de deux salaires minimaux (1644 reais) par mois. Ces familles à bas revenu sont acculées par l’explosion des prix des terrains et des loyers: à Rio de Janeiro et São Paulo, l’augmentation était de 165% et 132% entre janvier 2008 et février 2012 [3].