En début d’année, le gouvernement annonçait une croissance économique de plus de 4% pour 2012. Depuis, il revoit chaque mois son pronostic à la baisse: «Le gouvernement brésilien a des signaux clairs que la crise est très grave» notait le quotidien de Rio de Janeiro O Globo, le 17 juin 2012: la production industrielle est en recul; les ménages, fortement endettés ces dernières années, ont de plus en plus de peine à payer leurs mensualités; et une partie des exportations des produits agricoles et de minéraux sont en baisse.
La présidente Dilma Rousseff et son équipe essaient de freiner la tendance. D’un côté, ils multiplient les «paquets anti-crise» qui facilitent la vie des employeurs: baisse des contributions sociales, facilités de crédits et réductions d’impôts. La baisse de l’impôt sur les produits industrialisés (IPI) a permis à certaines entreprises de vendre leurs marchandises moins cher: frigos, fours, machines à laver et, surtout, véhicules – les usines de l’industrie automobile ont vu leurs stocks d’invendus exploser en début d’année. L’Etat fédéral a aussi augmenté ses investissements et pousse pour que les Etats fassent de même; et il a lancé une baisse progressive des taux d’intérêt – qui restent malgré tout parmi les plus élevés du monde.
De l’autre, le gouvernement sabre les budgets: début 2012, le ministre de l’économie, Guido Mantega, annonçait 55,5 milliards de coupes pour 2012. Le secteur de la santé perdait 5,5 milliards de reais; le Ministère du développement agraire, responsable pour la réforme agraire, 1,2 milliard; l’éducation, 1,98 milliard.
Les patrons ont salué les mesures prises par le gouvernement Dilma, mais en réclament plus. Du côté des travailleurs, la pilule est plus dure à avaler: pendant que Dilma Rousseff et son équipe serraient la vis à la santé et l’éducation – qui manquent déjà cruellement de moyens – ils promettaient 10 milliards de dollars au Fonds Monétaire International (FMI) pour renflouer les banques en crise. Et paient rubis sur ongle les intérêts et amortissements d’une dette qui appartient à quelques banques, fonds financiers et riches particuliers, et a absorbé 45,05% du budget fédéral brésilien l’année dernière!
Tout cela ne se fait pas sans résistances. Les derniers mois ont été marqués par des grèves massives des enseignants, des étudiants et du personnel administratif des écoles et des universités; des grèves importantes ont lieu dans les secteurs de l’administration fédérale touchés par les coupes (Institut national de réforme agraire, Ministère de l’agriculture, Funai. Les sans terre, eux, envisagent de durcir la mobilisation face au blocage de la réforme agraire.