La région Nord-Est du Brésil est frappée cette année par une des plus graves sécheresses des trente dernières années: dans les régions les plus touchées des neuf Etats composant cette région, les fleuves et sources d’eau sont asséchés, des carcasses d’animaux morts de soif gisent au sol.
Douze millions de personnes sont affectées. Dans la région semi-aride (Sertão) de l’Etat de Sergipe, les paysans n’ont pas encore pu planter les semences – ils commencent normalement dès les premières pluies d’avril. Leur source de gains est menacée, alors que les prix de la nourriture montent en flèche et se répercutent sur la population urbaine. Nombreuses sont les agglomérations qui manquent d’eau. « Nous allons tous mourir de faim si cela continue », affirmait la semaine passée un habitant de l’assentamento Barra da Onça à un journal local. La présidente Dilma Rousseff a annoncé la mise sur pied d’une « bourse sécheresse » (bolsa seca) d’un montant de 80 reais mensuels pour les agriculteurs privés de leur source de revenus, pendant que les gouvernements locaux mettent sur pied, avec retard, des mesures d’urgence (distribution d’aliments, d’eau par des camions citernes, etc.) insuffisantes.
Pour ceux qui ont lu l’ouvrage de Mike Davis, « Génocides tropicaux » (La Découverte, 2003), ce tableau semble familier. Les impacts sociaux de la sécheresse ont une longue et terrible tradition dans cette région du Brésil. Ils n’ont jamais débouché sur des solutions politiques pourtant à portée de main : construction de citernes pour récupérer l’eau de pluie, développement de système d’irrigation, soutien au développement de l’agriculture familiale, etc.
Le MST a lancé une vague de mobilisation dans les Etats concernés pour exiger des gouvernements des mesures à la hauteur du problème. Dans l’Etat du Ceara, 500 sans-terre ont été reçus à coups de fusil par la Police militaire alors qu’ils occupaient une préfecture…
amisdessansterre 